L’assassinat de Monseigneur Sibour, Archevêque de Paris

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Jean-Louis Verger, né le 20 août 1826 à Neuilly-sur-Seine, est un prêtre de l’archidiocèse de Paris. Fils d’un tailleur, il a fait de bonnes études au séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

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A son ordination il est rattaché à la prestigieuse paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois. Il est apprécié par sa hiérarchie, ses qualités le font même désigner porte-croix de la Sainte-Chapelle.

Mais son caractère ombrageux inquiète, il oscille sans cesse entre colère et humilité. A la suite de colères répétées il se fait chasser.

Saint-Germain-l’Auxerrois entre 1858 et 1870.
l'église Saint-Germain-l'Auxerrois au XIXe,

Furieux, il envoie des lettres d’injures, il tente de faire chanter ses supérieurs et se laisse aller au dévergondage aux yeux de tous.

Son archevêque Monseigneur Sibour doit se résigner à l’interdire.

Verger, supplie le prélat qui lui accorde la charge d’une petite cure à Bailly-Carrois en Seine et Marne.

Eglise saint Eloi à BaillyCarrois.
Bailly-Carrois

Dans ses fonctions successives, ses paroissiens se plaignent de lui. Ils lui reprochent de les terroriser, de s’absenter souvent (il a gardé une chambre rue Dauphine à Paris).

Fin de l’année 1858,  après des nuits entières de veille dans l’église de Serris qu’il dessert depuis 1856, Jean Louis Verger revient à Paris.

L’église Saint-Michel à  Serris dans le diocèse de Versailles.. 
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Le 3 janvier 1857, dans l’après midi, le curé arrive sur la place du Panthéon et tente de pénétrer dans l’église Saint-Etienne-du-Mont. Le suisse d’église qui accueil les fidèles tente de lui barrer le passage.

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A seize heures, débute l’office en l’honneur de sainte Geneviève, patronne de Paris, célébré par Monseigneur Sibour.

La cérémonie est précédée d’une procession qui se passe à l’intérieur de l’église bondée.

Selon un rituel bien précis la procession parcourt lentement les bas-côtés puis pénètre dans la nef, Monseigneur s’avance pour bénir les fidèles agenouillés et il progresse vers le fond de l’église ….. Monseigneur arrive à la hauteur de jean-louis Verger qui bondit et le poignarde en proférant  <A bas la déesse>.

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Un sergent de ville se jette sur le prêtre et le ceinture sans difficulté. On lui fait traverser la place du panthéon pour l’emmener au poste. En chemin il est roué de coups par les fidèles et il arrive en sang au commissariat.

Après un procès expéditif, Verger est condamné à mort le 17 janvier 1857, soit 15 jours après son crime !

Il est exécuté sur l’échafaud, place de la Roquette, le 30 janvier 1857 à Paris.

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Pourquoi a t’il crié <à bas la Déesse> avant de frapper ?

A bas la déesse cela voulait dire <à bas la Vierge Marie>.  Le 8 décembre 1854, Pie IX avait promulgué le dogme de l’Immaculée conception. Au grand dam des adorateurs de Satan, qui voyaient ainsi leur ennemi désigné, promu par le pape.

Dans la Genèse Dieu dit à Satan : <je mettrai de l’inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la postérité de la femme et cette postérité t’écrasera la tête>.

C’est pour cette raison que  la vierge est souvent représentée en train d’écraser de son pied la tête du serpent.

Médaille miraculeuse de la rue du Bac.
vierge rue du bac

 

Lettre écrite par jean-louis Verger à son père douze jours avant son crime:

« Je ne crois pas à l’Immaculée Conception. J’ai prêché un Dimanche contre cette nouvelle invention : mon évêque pour la cinquième fois m’a condamné à mort. Que voulez-vous que je fasse jamais avec des hommes qui, pour ne pas servir leurs dévotions exagérées, me jettent à chaque instant sur le pavé. […] J’ai demandé à mon évêque de me rendre toute ma liberté, de me délier de toute obligation de prêtre. Il m’a tout accordé. Je trouve aujourd’hui un mariage avantageux. Je vous prie de m’accorder votre consentement légal … »

 

 

Sources.

Alphonse-Louis Constant – l’Assomption de la femme ou le livre de l’amour  (Paris 1841)

Histoires extraordinaires – Guy Breton Louis Pauwels – Albin Michel

8 réflexions sur « L’assassinat de Monseigneur Sibour, Archevêque de Paris »

  1. Saviez-vous qu’au moment où les aides du bourreau venaient le chercher dans sa cellule pour se conduire à la guillotine il se démena si bien que les aides durent aller Monsieur Heindenreich le bourreau pour lui faire entendre raison . Celui ci était un homme de grande taille très impressionnant . Il fixa Jean-Louis Verger qui tait recroquevillé dans un coin de sa cellule et lui dit :  » Faut t-il que cela soit moi qui vienne vous chercher  » . Il fallut le porter jusqu’à la guillotine .

  2. Coucou Gérard,
    Je reviens après des soucis informatiques qui m’ont bien perturbée et ce n’est pas encore terminé mais je me débrouille…
    C’était un vrai forcené ce prêtre… La preuve que des gens agités, dangereux, fanatiques ont toujours été là, prêtes à passer à l’acte et qu’on n’a pas besoin d’être d’une autre religion ou du moins affirmée comme telle pour assassiner quelqu’un dans une église…
    Lucidité de psychopathe ou folie furieuse? Nous ne le saurons pas mais j’ai beaucoup aimé ton billet, je t’embrasse,
    Cendrine

  3. j’espère que tes problèmes informatiques sont réglés. Tu as raison le fanatisme d’ou qu’il vienne est redoutable, qu’il soit religieux ou politique. J’ai toujours en mémoire l’assassinat de Jaurès par un fanatique d’extrême droite chauffé à blanc par une certaine presse
    bisous
    gérard

  4. Bonjour,
    belle synthèse de ce crime étrange et unique. Veillez toutefois à rétablir la chronologie exacte. Verger tue Sibour le 3 janvier 1857,
    le procès a lieu le 17 janvier 1857.
    Il est exécuté le 30 janvier 1857.

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