Le Barbier égorgeur de la rue Chanoinesse (ex rue des Marmousets)

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Notre Dame de Paris et son parvis. L’hôtel Dieu et le marché aux fleurs tout proche. La rue Chanoinesse respire l’histoire de France. Quelques personnages illustres et un fait divers ont marqué la rue de leur empreinte.

L’actuelle rue Chanoinesse s’appelait à cette époque la rue des Marmousets (ne pas confondre avec l’actuelle rue homonyme située dans le XIIIéme arrondissement).

C’est au 10 que le chanoine Fulbert  demanda  à Abélard de devenir le précepteur de sa nièce Héloïse.

Le Poète Joachim du Bellay y mourut le 1 er janvier 1560, dans une maison située dans cette même rue.

Le cardinal de Retz, chef de l’opposition à Mazarin pendant la Fronde,  aurait fait du numéro 17 son quartier général (1648-1653).

Photo de Charles Marville (1878).
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Le dramaturge Jean Racine y vécut de 1673 à 1676. Henri Lacordaire, célèbre prédicateur (restaurateur en France de l’Ordre dominicain), résida au numéro 17.

Dans le roman d’Honoré de Balzac, « L’envers de l’histoire contemporaine »,  le héros Godefroy est logé chez Madame de la Chanterie.

Plus près de nous le fondateur du Monde, Hubert Beuve-Méry, passa son enfance au numéro 16 .

Le numéro 8 abrite les locaux parisiens de l’Ecole National de la magistrature.

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La rue des Marmousets est également connue à cause d’un fait divers macabre survenu  au Moyen-Age.

En 1387, la rue abritait les établissements voisins d‘un barbier et d’un pâtissier. Le barbier avait pour client des étudiants étrangers logés par les chanoines voisins. Parfois  l’un des étudiants  disparaissait; on le croyait victime de truands très nombreux en cette époque misérable.

Ce furent les aboiements d’un chien, resté plusieurs jours et plusieurs nuits à hurler à la mort devant la maison du barbier dont son maître, un étudiant venu d’Allemagne, n’était pas ressorti, qui donnèrent l’éveil et firent découvrir les procédés criminels de ces deux commerçants.

Pressé de questions le barbier finit par avouer  :  il égorgeait  des jeunes gens puis, par une trappe, basculait les corps dans sa cave qui communiquait avec celle du pâtissier qui en faisaient de délicieux pâtés en croûte.

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Plusieurs personnes moururent de chagrin d’avoir mangé de ces pâtés.

Les deux assassins furent brulés vifs;  leurs maisons furent rasées et la place resta vide pendant plus d’un siècle.

La rue Chanoinesse (ex rue des Marmousets) de nos jours.Paris_IV_rue_Chanoinesse

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13 réflexions sur « Le Barbier égorgeur de la rue Chanoinesse (ex rue des Marmousets) »

  1. Je suis enchantée de lire cette histoire sur votre blog car, je ne sais pas pourquoi, ce macabre évènement m’a toujours fascinée et intriguée. Quand je me promène, souvent, dans cette rue, je songe à ces malheureuses victimes transformées en pâtés… Et les propos de Lavoisier s’imposent à mon esprit: « rien ne se perd, tout se transforme! » (sans vouloir faire d’humour noir!)
    Je vous souhaite une excellente soirée. Cendrine Joyau

  2. Bonjour,
    Cette histoire me ramène sur la même ambiance des romans du genre des Mystères de Paris. Merveilleusement affreuse à lire, aussi délectable qu’une (bonne) pâtisserie, mais terrible à vivre. .. Merci en tous les cas d’avoir su ramener d’outre-tombe pendant quelques mots ce barbier…

  3. J’habite moi même rue Chanoinesse depuis peu et je viens de me renseigner sur la rue et de tomber sur votre article : je suis assez étonnée de savoir qu’une si belle rue à connu cette histoire macabre… Merci et bonne journée!

  4. Ravie d’avoir retrouvé cette anecdote sanglante et les noms des personnes illustres qui sont passées par la rue Chanoinesse. Une petite remarque toutefois, ce que vous titrez « gravure de Maxime Lalanne » est une photo de Charles Marville de 1878. Merci

  5. J’aime lire des histoires véridiques c’est macable mais intéressant.C’est incroyable
    de voir
    ce qui se passe sur notre planète.

  6. Jean Baptiste Dorival, un de mes ancêtres y avait sa « lanterne », donc son office de Commissaire en la Cité ( et sans doute aussi sa résidence), ayant repris la charge de son beau père, Charles Daniel de la Fosse, de 1756 à 1786; il fut aussi Echevin Bourgeois de Paris, de 1786 à1788. .

    En 1789, il devint Commissaire au Chatelet pour le Quartier de Montmartre (rue Neuve des Petits Pères, puis rue des Grands Augustins).

    Peu après, lors de la Révolution, il fut destitué, comme la plupart des nobles, et des titulaires de charges de l’Ancien régime, par le Décret du 27 germinal An II. 1786, pour deux années,avec son collègue Jean Baptiste Guyot .
    Emprisonné au Luxembourg, et condamné durant la Terreur, pour avoir pris part à la « Conspiration du Luxembourg », il a été décapité le 27 Messidor an II (17 juillet 1794), dans la première charrette des condamnés, et enterré dans une des fosses communes du Cimetière de Picpus. Son nom apparaît sur la liste des victimes, dans la chapelle du Mémorial.

    • Bonjour
      C’est passionnant
      Vous précisez que les deux maisons des criminels furent rasées, mais qu’elles sont aujourd’hui les numéros des maisons qui les remplacent ?
      Merci
      Cordialement

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