Médor le chien du Louvre, au temps des « Trois glorieuses »

femme

Après une longue période d’agitation ministérielle puis parlementaire, Charles X, par ses ordonnances du 25 juillet 1830, tente un coup de force constitutionnel.

En réaction, un mouvement de foule se transforme rapidement en révolution républicaine. Le peuple parisien se soulève, dresse des barricades dans les rues, et affronte les forces armées.

Les combats font environ 200 morts chez les soldats et près de 800 chez les insurgés.

La Révolution de Juillet se déroule sur trois journées, les 27 28 et 29 juillet 1830, dites les « Trois Glorieuses ».

Combats sur le Pont Neuf et prise du Louvre le 29 juillet 1830. Musée Carnavalet.Carnavalet_-_Combats_sur_le_Pont-Neuf_01

Parmi les insurgés se trouvent Jacques Léon Duhamel, maçon, âgé de 26 ans patriote enthousiaste, détestant l’arbitraire, il est accompagné par son cousin germain Louis-Alphonse Duhamel qui partage les mêmes idéaux.

Les deux cousins demeurent rue des Deux-écus, dans le 1er arrondissement, au n° 7.

Durant ces tragiques journées, Jacques Léon est toujours accompagné de son chien Médor, un barbet blanc, oreilles marrons et tâches marrons sur le dos.

Les deux jeunes hommes, héroïques, trouvent la mort au combat lors de l’assaut du Louvre.

A partir de ce jour le fidèle Médor, monte fidèlement la garde devant la tombe de son maître enterré au pied de la colonnade du palais royal.

La nuit ses hurlements plaintifs font retentir les voûtes du palais où les soldats du despotisme mitraillaient les amis de la liberté.

Médor ne prend aucune nourriture, son corps décharné s’affaisse et se couvre de plaies.

Sans la compassion de dame Troiedul, demeurant rue des Poulies au n°7, la pauvre bête serait morte de faim et de désespoir. Elle le caresse, le panse et lui apporte à manger.

Médor 1860

Médor est parfaitement rétabli, mais sa tristesse est toujours présente. Il est doux et caressant surtout avec ceux qui semblent partager sa douleur.

Un badaud lui offre une brioche; sitôt il s’empresse de creuser un trou près de la tombe de son infortuné maître et y enterre le gâteau, donnant entendre par là et par son instinct que son maître le mangera.

L’histoire de ce chien hors du commun se répand dans Paris.

Les gardes nationaux de la 6éme légion lui ont fait construire une cabane, à l’endroit même où repose son maître, sur laquelle on lit le quatrain suivant :

Depuis le jour qu’il a perdu son maître,
Pour lui la vie est un pesant fardeau;
Par son instinct il croit le voir paraître,
Ah! pauvre ami, ce n’est plus qu’un tombeau.

gravure

Victime de sa célébrité Médor est victime de plusieurs tentatives d’enlèvement.

Une femme le vendit  200 francs à un anglais qui l’a emmené. Le chien ne fût pas long à revenir au poste, qu’il ne quitte plus depuis 7 mois.

Un couple, croyant bien faire, l’emmenèrent à leur maison de campagne. Comme le pauvre animal pleurait sans cesse et regardait toujours vers Paris, ils le ramenèrent près de son maître.

Depuis son retour, afin d’éviter pareil incident, on a pris toutes les précautions nécessaires.

Par la suite des générations de chien se sont appelés Médor !

 

« La liberté guidant le peuple » la célèbre toile d’Eugène Delacroix réalisée en 1830 inspirée de la révolution des Trois Glorieuses.

La_liberté_guidant_le_peuple

 

5 réflexions sur « Médor le chien du Louvre, au temps des « Trois glorieuses » »

  1. Cher Gérard, j’ai du retard, je vais venir lire tout ce que je n’ai pas lu. Je voulais te faire de gros bisous et te souhaiter un beau week-end ainsi qu’à ta famille. Amicales pensées! Cendrine

  2. C’est magnifique! J’ai partagé sur les réseaux sociaux et auprès de mes aminautes. Une histoire profondément poignante et aussi édifiante qu’une fable. Merci pour ce récit méconnu et très bien documenté. Grosses bises.
    Cendrine

  3. Bonjour Gérard,
    Je découvre ton site très sympathique, j’étais un enfant des Halles de Paris durant 25 ans, je possède des photographies inédites d’un grand reporter qui déjeunait « Au Grand Comptoir » au 4 rue Pierre Lescot . Ce restaurant appartenait à ma famille et je l’ai géré administrativement au décès de mon grand oncle en février 1980 jusqu’à sa vente en décembre 1981.
    J’ai également la médaille d’un fort des Halles du pavillon « La Marée »
    Enfin à la demande de mes enfants, dans mes mémoires de l’histoire de ma famille (de 1249 à nos jours) je raconte l’histoire de ce restaurant depuis l’origine en 1868.
    L’ensemble est bien sûr inédit car je n’ai rien publié. Ces écrits étant réservé à ma fille.
    J’ai une importante documentation livresque concernant Paris comme les écrits de G.Cain, Lecoq, Hillairet dédicacé etc.(environ plus de cinquante livres d’érudition)
    Si cela vous intéresse nous pouvons en discuter.
    Pierre Lescot

Répondre à Cendrine Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.