Paris, 145 rue Lafayette : « La gueule des Enfers »

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N‘avez-vous jamais été au numéro 145 de la rue Lafayette ?
J’avoue que non.
-Un peu hors de portée, entre la gare de l’Est et la gare du Nord.
Un édifice d’abord indiscernable. Seulement si vous l’observez mieux, vous vous rendez compte que les portes semblent en bois mais sont en fer peint, et que les fenêtres donnent sur des pièces inhabitées depuis des siècles. Jamais une lumière. Mais les gens passent et ne savent pas.
Ne savent pas quoi ?
Que c’est une fausse maison. C’est une façade, une enveloppe sans toit, sans rien à l’intérieur. Vide. Ce n’est que l’orifice d’une cheminée. Elle sert à l’aération ou à évacuer les émanations du RER. Et quand vous le comprenez, vous avez l’impression d’être devant la gueule des Enfers; et que seulement si vous pouviez pénétrer dans ces murs, vous auriez accès au Paris souterrain ……..

livre

Dans le roman d’Umberto Eco Le pendule de Foucault, trois piliers de la maison d’édition Garamond, Belbo, Diotallevi et Casaubon, jouant avec leur intelligence, trouvent les bons indices d’un complot, lequel, né au moment de la suppression de l’ordre des Templiers par Philippe le Bel en 1312, aurait traversé l’Histoire jusqu’à nos jours.
Objectif : la domination du monde.

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Par l’intermédiaire de deux de ses personnages, Casaubon et le taxidermiste Salon, Umberto Eco décrit parfaitement l’immeuble du 145 rue Lafayette qu’il surnomme « La gueule des Enfers ».

L’édifice en pierres de taille  de style haussmanien est en harmonie avec les autres immeubles de la rue. Il mesure 7 m de large, il a cinq étages et comporte quatre fenêtres par étages, ainsi qu’un balcon au 2éme.

Au rez-de-chaussée, une entrée de porte et un porche complètent l’illusion. Tous ces accès sont murés : la porte d’entrée est une plaque métallique sans poignée, peinte couleur bois, dans laquelle est percée une petite grille d’aération.

 

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Au début des années 1980, lors du prolongement de la ligne B du RER, la RATP doit composer avec les bâtiments de la rue Lafayette pour gérer la ventilation du tunnel de la ligne :   La décision est prise de conserver la façade du 145 afin de respecter l’architecture de la rue. 

La rue Lafayette 
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1 réflexion sur « Paris, 145 rue Lafayette : « La gueule des Enfers » »

  1. Fabuleux article! Tout est réuni pour nous allécher: mystère, belle écriture, auteur prestigieux… Qui sait, une créature magique se cache peut-être derrière cette porte chimérique…
    Gros bisous et bravo, merci pour ton mail
    Cendrine

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